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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 07:28

Si l´on devait à tout prix désigner un point commun entre  Karate et  Ju-Jutsu, c´est bien dans leur pluralité qu´il faudrait aller chercher. On recense plusieurs centaines de styles distincts de Karate dans le monde, même si aux yeux du profane, ces distinctions ne sont pas forcement évidentes.Bien moins apparentes, en tous cas, que les différences beaucoup plus manifestes entre Karate et Ju-Jutsu.

 

Il existe néanmoins un expert de Karate qui se distingue très nettement de ses pairs par une technique et une forme de corps inédite dans cette forme de combat originaire des Ryukyu. Il s´agit de Kuramoto Nariharu.

 

Masseur de profession, Kuramoto étudie dans sa jeunesse auprès de deux maitres, peu connus du grand public, Nakamura Ideo et Ishiyama Shihan. Au contact de ces deux adeptes du Karate total, non sportif, Nakamura progresse très rapidement et ne tarde pas à faire parler de lui lors d´affrontements, non officiels, c´est à dire se déroulant hors compétions officiellement organisées, avec des pratiquants d´autre styles.

 

Le monde du Budo découvre Kuramoto Nariharu en 1987 lorsqu´il effectue une démonstration publique de casse très impressionante. Il ne s´agit plus de briser des pains de glace ou des tuiles comme il est  coutume, mais plutôt de casser des cylindres en béton, des noix de coco et de pulvériser des tuiles à coup de tête. La puissance développée, à cette occasion, par Kuramoto, est terrifiante.

 

 


 

 

En 2000, il ouvre son Dojo au public, le Kuramoto Juku, à Tokyo. L´enseignement porte sur l´étude des atemi, des points vitaux (kyusho-jutsu) et sur le renforcement musculaire, éléments, somme toute, relativement classiques en Karate. L´aspect le plus surprenant et le plus original de l´enseignement  de Kuramoto réside dans la grande importance donnée aux techniques de projections et de contrôles articulaires. Les techniques démontrées par Kuramoto dans les vidéos ci-dessous n´ont absolument rien à envier, ni en efficacité, ni en technicité, à celles des écoles de Ju-Jutsu classiques pourtant reconnues pour leur grande expertise en ce domaine.

 

Ainsi, Kuramoto Noriharu a réussit à allier une puissance destructrice peu commune, voire inédite, à une grande fluidité corporelle dans l´exécution de techniques réputées difficiles à réaliser. Maitrise de la distance (ma-ai), déséquilibre (kuzushi), mouvements du corps (tai sabaki),  projection (nage), tout est présent et les résultat se passe de commentaires.

 

 


 

 

 


 

 

Peu de pratiquants de Karate, pour ne pas dire aucun, ont atteint un tel niveau, une telle maitrise et une telle fluidité dans l´art du "Jutsu" entendu comme référence au Yawara.

Kuramoto affirme que le Karate qu´il enseigne comprend également (en dehors des atemi n.d.a) des luxations, des contrôles articulaires et des projections. Il ne fait aucun doute, à le voir à l´oeuvre, qu´il ne s´agit pas d´une simple greffe mais bien d´un ensemble cohérent, maitrisé et parfaitement intégré à son système. Un système  dans lequel le Karate se transforme au fur et à mesure de la progression en "Jutsu". Voilà qui n´est pas pour nous déplaire.

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 07:33

On ne présente plus, Masutatsu Oyama, le fondateur du Karate Kyokushin, le style le plus pratiqué au monde et qui a inspiré des millions de Karateka à travers le monde. Si ses retraites solitaires sur les monts Minobu et Kiyosumi, ses "combats" face à des taureaux et ses prouesses en casse sont relativement bien connus du grand public, sa relation avec Kotaro Yoshida, élève de Takeda Sokaku, du Daito-Ryu Aikijujutsu l´est bien moins.

 

 

yoshido-kotaro.jpg

                                                                                           Yoshida Kotaro

 

 

 

Yoshida Kotaro (1886-1966) fait partie de ces experts en arts martiaux dont le nom est peu familier, voire totalement inconnu par la grande majorité des pratiquants, toutes disciplines confondues (à ce sujet voir l´article de l´ami Eric sur Budoshugyosha) .  On prétend que les apparences sont souvent trompeuses, rien ne saurait être plus vrai en ce qui concerne Yoshida. En effet, derrière un physique apparemment frêle se cachait un redoutable expert.  Dans son monumental ouvrage "This is Karate", Mas Oyama nous apprend au sujet  de Yoshida qu´il est:

 

 

"[...]Sans égal dans les disciplines de l´aikido, du combat au sabre, du Judo et du lancer de couteau. Quand Yoshida était jeune, il n´a a jamais perdu une seule rencontre de gyakute (retournements, contre-techniques), de combat au sabre ou de Judo. Il n´avait de cesse d´expliquer que les arts martiaux étaient fait pour le développement physique et psychologique et la discipline.... Je n´ai jamais vu, ni seulement entendu parler d´une technique aussi magnifique que celle de mon professeur. Sa maitrise technique peut uniquement etre appelée perfection [...]".

 

 

Un tel hommage venant de la part d´un Budoka de la trempe de Mas Oyama se passe de commentaires supplémentaires.

 

C´est Richard Kim qui présente Mas Oyama à Kotaro Yoshida en 1943. Bien que la relation entre les deux hommes ait été relativement courte (deux ans), elle n´en sera pas moins intense. Yoshida enseigne à Oyama le Daito-Ryu Aikijujutsu, le lancer de couteaux et le Kenjutsu. Il lui décernera aussi un diplome de maitrise dont on peut voir une photo ci-dessous:

 

 

oyama1.jpg

 

 

 

L´enseignement dispensé par Yoshida à Oyama a été préservé dans la partie "self-defence" du Karate Kyokushin. Meme si cet aspect tend à etre éclipsé de nos jours par la compétition. Bobby Lowe, responsable de la branche hawaienne du Kyokushin a publié en 1999 un livre intitulé: "Kyokushin Karate - Self-Defense Techniques".

 

Dans cet ouvrage, Bobby Lowe réaffirme le role prépondérant qu´a joué Yoshida dans la formation martiale de Oyama:

 

"Une mention toute particulière doit être adressée à Kotaro Yoshida du Daito-ryu Aikijujutsu en raison de sa formidable influence sur Sosai Oyama. C´est sur la base de cet art martial que la grande majorité des techniques de self defense de Sosai Oyama ont été développées."

 

oyama2.jpg

                                                                                               Mas Oyama

 

 

 

 

Une vidéo illustrant ces techniques a également été tournée. Elle met en scène Bobby Lowe et certains de ses élèves. Pour un pratiquant de Daito-ryu Aikijujutsu, la filiation est évidente même s´il ne s´agit pas (plus?) stricto sensu de techniques de Daito-ryu aikijujutsu. Certains chercheurs affirment que l´extrème séverité de l´entrainement en Karate Kyokushin est due aux enseignements de Kotaro Yoshida. En effet, la pratique du Daito-ryu, surtout celle d´avant guerre,  était à la fois très dure et  très intense, plus poussée que celles du Karate Shotokan ou du Goju ryu. Même s´il est impossible de confirmer (ou d´infirmer!) cette théorie, elle n´en reste pas moins plausible et ravira très certainement les pratiquants des deux écoles.

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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24 février 2010 3 24 /02 /février /2010 21:12

En dépit de sa grande pluralité, il est possible de proposer une définition du terme JûJutsu laquelle sera à la fois assez générique et assez vaste pour englober l'immense majorité des styles.

Les écoles de JûJutsu aiment se référer à une figure mythologique ou historique, voire historico-mythologique pour expliquer leur génèse. Les Ryû et autres styles rivalisent souvent d'audace et d'imagination entre eux pour s'offrir une légitimité qui, théoriquement,  devrait s'obtenir par l'excellence du bagage technique qu'ils proposent et non pas par une ré-interprétation, souvent sujette à caution, de l'histoire.

Toutefois, cette figure, incontournable, du père fondateur, lequel est fréquemment un artiste martial dont les capacités (réelles ou supposées) ont largement dépassé voire éclipsé celles de ses contemporains, est caractéristique des écoles de JûJutsu. Le Maître fondateur fait souvent l'objet d'un véritable culte et, tant sa personnalité que sa technique ont profondement et durablement pénétré les principes de base du style.

Le JûJutsu se pratique  généralement à deux, un agresseur (Uke, souvent "perdant") et un agressé, lequel se défend (Tori, souvent "gagnant") selon le principe du Kata traditionnel. Les termes de gagnant et de perdant n'ont, ici, qu'une valeur symbolique plus en rapport avec la pratique quotidienne dans les Dojo qu'à une quelconque réalité historique. Si le Kata tend à reproduire un scénario plausible d'agression, il est évident qu'il ne s'agit que d'un exercice visant à obtenir une forme de corps (propre au style) ainsi qu'un panel technique le mieux adapté à la situation.A ce titre, il existe de nombreuses méthodologies ou concepts d'entrainement lesquels seront abordés plus tard. Le Kata est la structure technique de l'école, il pose les fondations sur lesquelles le pratiquant construira sa martialité. Plus les fondations sont solides, plus le pratiquant pourra avancer dans sa maîtrise de la forme, des techniques et des principes fondamentaux de la Ryû.

L'éventail technique est très varié et complet, il comprend aussi bien les atemi (coups portés avec les différentes parties du corps) que les Kansetsuwaza (techniques de dislocation articulaire), les Nagewaza (techniques de projection), les Osaewaza (techniques de contrôle et d'immobilisation) ainsi que, dans certains cas, les Newaza (technique de lutte au sol). Bien évidemment, chaque école s'est spécialisée dans un domaine parfois au détriment d'un autre, ainsi la Shosho-Ryû est réputée pour l'incroyable puissance générée par ses atemi alors que la Kito-Ryû était redoutée pour ses terribles projections.

Ainsi, le JûJutsu peut être globalement définit comme un style de combat à mains nues, parfois et selon le contexte, armé, permettant de faire face à un ou plusieurs adversaires armés ou non, lesquels sont susceptibles de recourir à des saisies, à des coups, à des étranglements, à des attaques surprise par derrière ou depuis n'importe quelle position, de lancer des armes contondantes, ou à tous les scenaris possibles et imaginables.

Le JûJutsu est l'art de l'adaption par excellence, le pratiquant s'adapte à l'agression et répond en conséquence. La souplesse en JûJutsu n'est pas que physique, elle est surtout et avant tout mentale.

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